Les trompes facettées de Rougemont-le-Château (Territoire de Belfort)

Une embouchure et un canon mis en connexion sur la longueur exceptionnelle de 18 cm présentent une cuvette tronconique lisse (Æ intérieur 22 mm) donnant accès à un conduit de 6 mm de Æ débouché avec un objet en bois ou en os (comme à Charavines), considéré comme cylindrique car il ne s'évase que d'un millimètre en 5 cm. Le canon s'évase ensuite très progressivement puisqu'il double le diamètre de la perce en 10 cm. L'épaisseur irrégulière de la pâte du canon varie entre 7 et 10 mm en raison d'un facettage effectué à la raclette. Il ne s'agit plus du simple lissage observé sur les cors romans, mais d'un véritable façonnage destiné en partie à alléger l'instrument, mais aussi à donner une apparence esthétique confirmée par de belles glaçures jaune, marron, verte, verte marbrée ou mouchetée qui permirent d'identifier les fragments de 9 trompes. On relève une irrégularité du nombre de faces variant de 8 à 11. Leur continuité engendre un pavillon d'apparence polygonale à l'extérieur mais conique à l'intérieur. Des éléments certains placés en restitution permettent d'établir une longueur de 50 cm à laquelle il faut ajouter environ 10 cm pour le pavillon dont la fonction est de diffuser largement le son. Le plus gros atteindrait un Æ de 140 mm, d'autres avoisinent le décimètre. La concavité était probablement très faible, de l'ordre de 4 à 5 cm, principalement due à la partie pavillonnaire si on en juge par l'importance des parties centrales rectilignes. On note l'absence de patte de suspension. L'ensemble date du XIVe siècle, antérieur à 1370 année de la destruction du château. Pierre Walter, directeur des fouilles et joueur de cor des Alpes, fit réaliser une reconstitution qui atteint 3 kg. Le son et la tessiture rappellent le clairon. La portée du son diffusé depuis une hauteur fut constatée à sept kilomètres par vent favorable. Ce type de "perce" permet la réalisation de fréquences multiples en modifiant l'anche lippale. Il appartient au sonneur de veiller à la solidité de ses lèvres soumises à une épreuve bien supérieure à celle exigée par les instruments modernes.

Photos Christophe Cousin, musée d'art et d'histoire de Belfort.

Coupe et vue de profil de l'embouchure

Les trompes d'annonces publiques

Index trompes d'appel

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